Mensuel
Numéro 59 Mars
2000
Éditorial
La police socialiste veille
En bref...
ÉDITORIAL
Sauvageons
Les jeunes des banlieues, plus souvent qu'à 1’ordinaire,
restent la cible favorite de la police. S’ils ont le teint coloré, l’intérêt
porté à leur égard peut aller jusqu'au paroxysme du délire investigateur .
Tout adolescent visiblement d'origine maghrébine ou Noir, est considéré comme
un suspect potentiel, et les forces de l’ordre estiment indispensable de
veiller sur lui. II convient, en effet, de trier le bon grain de 1’ivraie.
D'où ces contrôles d’identité à répétition, ce harcèlement permanent
qui a pour conséquence de révolter plus encore des jeunes déjà
marginalisés, de rendre enragés ceux que la société a condamnés à la
désespérance. La présence de "Grands frères", comme dans les
transports en commun, n'y fera rien, et moins encore celle de ces adjoints de
sécurité, originaires des mêmes groupes qui apparaissent comme des
"collabos". Au temps de la Croisade des Albigeois - au Xlll° siècle
Simon de Montfort, qui conduisait la traque, avait cette saine philosophie en
s'adressant à ses troupes: " Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les
siens ! ". Nous n'en sommes plus là, c'est heureux, mais de nombreux
cadavres de jeunes des banlieues figurent au tableau de chasse de notre police
républicaine. Les récentes déclarations du ministre du martinet Claude
Allègre, sur la "tolérance zéro", ne peut qu'émoustiller ceux des
policiers qui sont persuadés de conduire une croisade salvatrice pour
l'avènement d'une France bien blanche. II faudrait que ces jeunes trop voyant
rasent les murs, se fassent oublier mais s’ils disparaissent du paysage, notre
ministre de l’intérieur et ses policiers seraient bien ennuyés. Contre qui
se déchaîner pour expliquer que la sécurité publique est toujours menacée?
MAURICE RAJSFUS.
LA POLICE
SOCIALISTE VEILLE
Outrage, ô désespoir...
Nous savons d'expérience que les policiers sont des êtres très sensibles.
Tels ces défenseurs de l'ordre publie du Havre qui ont accusé un professeur de
philosophie de les avoir : "outragés par paroles et gestes, menaces
de nature à porter atteinte à la dignité et au respect dus à la fonction de
policiers dans l'exercice de leurs fonctions" Cela peut coûter très cher
à celui qui dérape. Et en tout cas une plainte en bonne et due forme pour
réparer ces indignités.
Le 4 septembre 1999, trois policiers, sans ordre ni mandat se sont permis, sur
simple appel de voisins délateurs, d'embarquer cet homme âgé de soixante et
un ans, menotté comme un vulgaire malfrat. Cela sous le prétexte de tapage
nocturne. II est vrai que cette soirée se déroulait chez une famille amie...
togolaise. Le rapport médical relèvera une quinzaine d'hématomes, une
impotence fonctionnelle de l'épaule, une cervicalgie et un traumatisme dû à
l'incarcération.
Il parait que cet homme respectable s'était permis de proclamer, lors de son
interpellation illégale " La France a une police fasciste! " C'était
plus que tout policier, même raciste, peut normalement supporter. Poursuivi
pour ivresse publique ( ?) et manifeste, alors que le contrôle
d'alcoolémie n'a pas été effectué, le brave homme estimait à bon droit
qu'il vivait désormais sur une autre planète. Le 14 février, le tribunal
correctionnel de Caen a débouté les policiers de leur plainte et relaxé le
prof. Cet " outrage " restera impuni.
(Source, Libération, 15 février 2000)
Roubaix : police raciste
Selon les militants antiracistes de Roubaix, les passages à tabac sont
fréquents au commissariat de police de Roubaix. Ils affirment même: "
Tous les trois jours, nous recevons des appels de gens qui n'osent pas déposer
plainte parce qu'ils ont peur. " On n'est donc pas étonné d'apprendre
que, le soir du 31 janvier, la police soit intervenue, à sa manière - et à
domicile - une querelle entre une femme noire et son mari blanc. Embarquée
menottes serrées, jetée à plat ventre dans un fourgon, un policier la tire
par les cheveux, et dit à cette femme terrorisée qui hurle de peur " Si
tu continues comme çà, je vais te foutre mon poing dans la gueule! " Et
puis, " Il ne manque plus que le coussin, pour faire comme les Belges...
" Au commissariat, cette victime ordinaire de policiers ordinaires, demande
à voir un gradé, et on lui répond qu'il n'est pas question " de
réveiller le commissaire pour une négresse. "
Une femme policier la force ensuite à se déshabiller devant les
"collègues ", qui ricanant sans doute. À 6 heures du matin, elle est
relâchée mais refuse de signer un procès-verbal indiquant qu'elle était en
état d'ivresse sur la voie publique. Quelques heures plus tard, un médecin
constate des hématomes sur les cuisses, les jambes, les bras et des
tuméfactions aux poignets. Interrogé, le commissaire divisionnaire " ne
souhaite pas polémiquer ". Pourtant, à la demande du préfet, l'IGPN
enquête.
(Source, Libération, 18 février 2000)
Bavure judiciaire
Le 3 février, une mère de famille de Marseille a
été condamnée, sur plainte des policiers, pour injures, coups et blessures,
à 8000 francs d'amende et quatre mois de prison avec sursis. Elle avait
également porté plainte contre ces policiers pour injures racistes. A
l'origine de cette double plainte, une altercation le 10 septembre 1999, dans
les quartiers nord de Marseille entre policiers et jeunes soupçonnés de vol
d'accessoires automobile. Au cours de cette intervention, les policiers de la
BAC s'étaient acharnés sur un jeune français prénomme Abdallah, et les
témoins confirment avoir entendu proférer des injures à caractère raciste.
C'est la mère de ce garçon qui a été condamnée, le président du tribunal
prenant systématiquement la défense des policiers. De son côté, Abdallah est
déjà en prison, préventivement, depuis 5 mois, sans que la date de son
procès ait été fixée.
(Source, communiqué de la Ligue des droits de l'homme Marseille)
Liberté, liberté chérie…
Qu'en est-il des libertés démocratiques lorsque la
police s'arroge le droit d'intervenir dans tous les actes de la vie publique ?
Un citoyen parisien, Rmiste de son état, en fait actuellement l'amère
expérience et nous conte ses aventures.
Le 11 septembre 1998, il se rend, avec quelques personnes, dans un centre EDF du
VIe arrondissement de Paris. Le but est d'obtenir le respect de la loi sur le
revenu minimum d'insertion qui stipule la garantie de l'accès à l'énergie. La
police intervient, les identités sont relevées et les personnes filmées une
à une à la sortie des locaux.
Le 19 février 1999, il veut se rendre dans un autre centre EDF, dans le Xe
arrondissement cette fois, et rendez-vous est fixé par téléphone. A
l'arrivée, la police est déjà présente. Le 8 mars, ce citoyen, apparemment
suspect, demande par courrier à la commission nationale de contrôle des
interceptions de sécurité de vérifier si des écoutes téléphoniques avaient
été opérées, et leur légalité.
Le 7 janvier 2000, ce Parisien, bien dans son rôle citoyen, intervient, avec
d'autres personnes, à la mairie du Xe arrondissement. Cette fois, il est
question de résoudre un problème de place en crèche. Là encore, la police
est présente et tous sont longuement filmés.
Très en colère, à bon droit, notre correspondant met les points sur les i :
" La participation à la vie politique est un droit. L'espionnage
par les services de l'État des individus usant de ce droit, particulièrement
par les services de la police politique - nommés Renseignements généraux -
est contraire à ce droit, donc une atteinte aux libertés publiques, ainsi
qu'une atteinte aux droits intangibles de la personnalité. La prise d'image, le
recueil d'informations sur la vie privée, la constitution d'un fichier de
données sur un individu constituent des instruments de contrainte font peser
une menace, comme leur mise en oeuvre patente est utilisée pour susciter la
crainte ".
Dans un courrier adressé au président du tribunal de grande instance et au
Procureur de la République de Paris, ce citoyen, considéré comme un
réfractaire dangereux, demande la restitution des images le concernant,
captées et détenues par la police, la communication du fichier le concernant
et sa disparition du fichier de police. Les destinataires respectifs de ces
courriers n'ont pas daigné répondre.
Réveillon agité
Le 31 décembre 1999, vers 18 heures, un Nancéen qui
est attendu par des amis pour fêter le Nouvel an, subit un contrôle
d'alcoolémie. Comme il a commencé la fête avec un peu d'avance, son taux
d'alcool est mesuré à 1, 88 g/l. Les policiers le placent alors en cellule de
dégrisement. Ayant demandé un verre d'eau, qui lui est refusé, il réitère
sa demande et voit arriver dans sa cellule deux fonctionnaires armés d'un tuyau
d'arrosage -sans doute pour étancher sa soif. Protestant contre ce traitement,
le jeune homme ne peut encore imaginer la suite. Son témoignage laisse pantois
" Je cogne à nouveau à la porte. Elle s'ouvre. Le plus
petit des deux fonctionnaires me ceinture alors que le plus grand, face à moi,
me saisit par les cheveux, me relève la tête et m'envoie son poing sur
l'arête du nez. Je suis un peu KO, les jambes en coton et je tombe à terre,
où je sens que l'on me donne des coups de pied. " À 5h15, le 1er janvier,
le " délinquant " est réveillé par un capitaine de police qui lui
notifie sa garde à vue et lui propose de voir un médecin, qui constate une
fracture du nez. À 6h30, le jeune homme apprend que les deux policiers
tortionnaires ont porté plainte contre lui pour " coups et blessures
volontaires sur agents de police. " De son côté, il porte plainte
également, mais le directeur départemental de la sécurité publique déclare
: " Je ne suis pas saisi de la plainte de l'individu. Vous m'apprenez son
existence. Je ne connais que celle de mes fonctionnaires, en date du 1er janvier
au matin. " Sans commentaires.
(Source, L'Est républicain, 28 janvier 2000)
Hors la loi
La police ne se contente pas d'expulser, avec les
méthodes brutales souvent décrites par les témoins. Ces derniers jours,
l'approche s'est affinée car les passagers circulant dans les aéroports
doivent ignorer ces pratiques peu dignes du pays des droits de l'homme. C'est
ainsi que, le 9 février, à l'aéroport de Roissy, onze militants du collectif
anti-expulsions d'Île-de-France ont été interpellés parce qu'il
"distribuaient des tracts dans l'espace Schengen ". II s'agit
là, apparemment, d'un délit nouveau, inventé par des policiers désireux de
se montrer performants. Ce qui est certain, c'est que le ministre de
l'Intérieur ne peut supporter les distributions régulières de tracts aux
passagers des vols pour l'Afrique et l'Asie, qui ne doivent pas être informés
de ces expulsions de sans papiers.
(Source, Libération, 10 février 2000)
Sans témoins
La police ne veut pas de micros chez elle. Les
syndicats s'opposent à l'enregistrement sonore des gardes à vue. La police est
très en colère. Le 10 février, en effet, les députés se sont laissés
allés à voter une disposition instaurant la sonorisation des séances
d'interrogatoire. Les syndicats de police s'indignent de ne pas avoir été
consultés. Comme si la police consultait les pékins avant de passer à tabac
un suspect au teint basané. Argument du secrétaire général d'un syndicat
d'officiers de police : "Que se passerait-il si un mis en cause se met à
crier sans qu'on le touche? " C'est, effectivement, une perspective
cauchemardesque. Nul n'aurait le droit de se mêler des affaires internes de la
police. Comme il y a quelque 400 000 gardes à vue par an au pays de la
liberté, l'industrie de l'électronique y trouverait pourtant son compte. Ne
dramatisons pas trop : les policiers savent très bien bâillonner un sans
papiers pour qu'on ne l'entende pas crier lors de son expulsion.
(Source, Libération, 19 février 2000)
Le yo-yo de la justice
Le feuilleton qui a suivi le meurtre d'un garçon de
16 ans en forêt de Fontainebleau par un policier, le 17 décembre 1997, vers 23
heures, se poursuit. Cette nuit-là, un jeune Français prénommé Abdelkader
avait été tué d'une balle dans la nuque, alors qu'au volant d'une voiture il
tentait de contourner un barrage de police. L’auteur du coup de feu expliquant
immédiatement qu'il se trouvait en état de légitime défense (Se reporter à
Que fait la police? janvier 1998 et janvier 1999). En novembre 1998, trois
policiers étaient mis en examen et, en juillet 1999, il n'était plus question
de légitime défense puisque le procureur chargé du dossier requalifie les
faits en meurtre. C'est pourtant à une véritable volte-face que vient de se
livrer ce même procureur en affirmant qu'il y a bien eu légitime défense.
D'où une demande de non-lieu invraisemblable. Ce non-lieu est également requis
pour le policier qui avait profité des circonstances pour tabasser lourdement
le passager de la voiture. Nous saurons bientôt ce que décidera le juge
d'instruction.
(Source, Libération, 3 février 2000)
Je t'écoutes et je te vois !
En 1994, les RG s'étaient déjà risqués à "
sonoriser " les débat d'un Conseil national du parti socialiste qui se
tenait à Paris. Suite à ce dérapage, les RG abandonnaient officiellement leur
mission de "suivi des partis politiques" Il semble qu'il n'en soit
rien puisque le siège bordelais du PS aurait été surveillé ces derniers mois
par une caméra des RG. Le pot aux roses n'a été découvert que par les
révélations de " policiers sympathisants. " Ainsi donc, les
mauvaises manières ont la vie dure mais si, en 1994, Charles Pasqua se trouvait
place Beauvau, c'est Jean Pierre Chevènement qui est aux manettes aujourd'hui.
(Source, Le Monde, 3 et 12 février 2000)
Fâcheuse méprise
" J’ai cru voir la mort devant moi! "
C est une Alsacienne, âgée d'une cinquantaine d'années qui rapporte sa
mésaventure. Ce soir-là, des policiers en civil de Sélestat sont en planque
et estiment que la voiture qu'ils recherchent vient de passer. Suit alors une
séance qui confine à l'horreur. Cette femme, mal remise de cette soirée
raconte son aventure : Au premier feu rouge, une voiture s'est rangée à côté
de nous, avec quatre gars. Cela m'a inquiété. J’ai dit à mon mari :
ils nous regardent bizarrement. Au bout de cinq cents mètres, l’auto nous a
doublés pour nous bloquer la route. Deux hommes sont descendus. Je ne savais
pas que c'était des policiers. J’étais paniquée et j'ai dit à mon mari
d'accélérer. J'ai pensé à une prise d'otages ou à un braquage." Le
capitaine de police, qui conduit l'opération, explique: " J’ai dépassé
la voiture des fuyards et j'ai bloqué la route. D'où le choc. " La brave
dame poursuit son récit : " Ensuite, ils ont extirpé mon mari de
l'habitacle, l'on menotté à terre et quand je suis sortie, un homme
m'attendait en pointant un revolver vers mon front " Une fois au
commissariat, les policiers s'aperçoivent de leur méprise mais signifient
néanmoins au couple plusieurs infractions dont refus d'obtempérer et
rébellion. De son côté, le couple a voulu porter plainte mais la police de
Sélestat et la gendarmerie ont refusé de l’enregistrer. Le tribunal a quand
même relaxé les prévenus.
(Source, L'Alsace, 28 janvier 2000)
Indics institutionnels
La police, c'est bien connu, ne serait guère efficace
sans ses indics. Bénévoles ou rétribués, ces bons citoyens sont hélas!
nombreux et on en trouve à tous les niveaux de notre société démocratique.
Cette fois, c'est la Sonacotra (qui gère des foyers de travailleurs immigrés)
qui est épinglée. Une enquête conduite par Libération montre comment le
directeur des foyers de la région Rhône-Alpes alimentait les services de
police en précieux renseignements, permettant ensuite l'expulsion de
travailleurs en situation irrégulière. Comme le souligne Libération, "
La confusion du social et du policier est une vieille tentation de la société
française. " Faudra-t-il de nouveau se méfier de sa concierge, de son
patron, de son voisin de palier ou de son coiffeur?
(Source Libération, 11 février 2000)
Vraiment pathétique
C’est un " policier intelligent, efficace,
mais un peu désordre. " Ces mots ne traduisent que faiblement la
personnalité du capitaine de police qui est jugé par le tribunal correctionnel
de Paris, le 26 janvier, sous l’accusation de " vol et détention
d'armes et explosifs ". Oh, bien sûr, ce policier n'était pas un
trafiquant dames. Plus simplement il avait négocié avec des truands, liés
avec l'extrême droite niçoise, la remise en douceur d'un stock d’armes aux
autorités. Pourtant, ce policier aux méthodes " parfois limites
" avait mis de côté quelques caisses de munitions dans un box appartenant
à sa compagne. Pourquoi ? Réponse du policier au président du tribunal qui
l'interroge " Mon bureau était trop petit... " Pour le procureur, ce
policier est simplement " pathétique ", ce qui le conduit à ne
réclamer contre ce serviteur de l’ordre que deux années de prison, avec
sursis, bien évidemment Pathétique, en effet.
(Source, Libération, 27 janvier et Le Monde, 28 janvier 2000)
Heureux temps...
Selon une loi spécifique, datant de 1903, les
gendarmes peuvent tirer sur un suspect sans être en situation de légitime
défense. Depuis bien des années, certains syndicats de policiers (la FPIP,
particulièrement) revendiquent ce statut permettant de tirer tous azimuts sur
tout ce qui bouge. après une simple sommation. En fait, ce " privilège
" avait été accordé aux policiers, sous l'occupation nazie, par une loi
(numéro 513, du 18 septembre 1943) relative à l'usage des armes par les
personnels de police. "...Le chef du gouvernement décrète,
Article 1er. Les dispositions de la loi numéro 392 du 22
juillet 1943, portant modification de l’article 231 de la loi du 28 Germinal
an VI, et relative de l’emploi de la force armée par les officiers et gradés
de la gendarmerie et par les gendarmes, sont applicables aux membres du
personnel de la police, en uniforme ou en tenue civile, sous réserve que les
sommations prévues à l’article 231 nouveau soient faites sous la forme de l’appel
Halte police!; au lieu de Halte gendarmerie! Fait à Vichy le 18 septembre 1943.
Signé Pierre Laval "
Heureux temps où les policiers pouvaient flinguer à tout va, sans être dans l’obligation
de justifier d'une quelconque légitime défense. En ces temps de violence, les
" sauvageons " étaient également clairement désignés, communistes
et gaullistes, juifs et francs-maçons...
(Source, Archives de la préfecture de police, Série BA, carton 1800)
EN BREF....
Chers amis RG
Suite à l'affaire de la caméra espion qui
surveillait le siège du PS, à Bordeaux, on nous avait affirmé que les RG
n'étaient plus une police politique. Faut-il croire à cette fable? Le 19
février, la manifestation contre l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite
autrichienne, à Paris, venait de démarrer. Je me trouvais à l'angle de la rue
du Cherche-midi et de la rue de Sèvres. Là, j'ai entendu des policiers des RG,
en civil, converser avec leur hiérarchie: "... En tête du cortège, nous
apercevons Maurice Rajsfus, de son vrai nom Maurice P, de Ras l'front, et qui
préside également l'OLP " Nous sommes deux à avoir entendu ce rapport
oral. Où en est la liberté de manifester, inscrite dans la constitution?
(Correspondant)
Toujours le sursis
Chacun sait que la destruction ou les surcharges sur
un document administratif constitue un délit punissable. La sanction devant
être plus forte lorsqu'un fonctionnaire se rend coupable de tels actes. Cela ne
semble pas être le cas pour ces gardiens de la paix de Toulon qui, en 1997,
avaient détruit le récépissé de demande de statut de réfugié d'un immigré
roumain. En effet, l'auteur de cette destruction n'a été condamné qu'à six
mois de prison avec sursis, le 28 janvier, par la cour d'appel
d'Aix-en-Provence. Certes, ce policier a été révoqué mais il n'en reste pas
moins qu'un tel verdict ne peut qu'inciter les imitateurs à reproduire de tels
comportements.
(Source, libération, 29 janvier 2000)
Tir instinctif
La police de New-York, tant admirée par notre ministre de l’intérieur, a le
tir franc et massif. Un procès vient de se dérouler, suite au véritable
meurtre d'un jeune Guinéen dont le seul délit constitué était la couleur de
sa peau. Ce jeune homme de vingt-deux ans avait fait un geste vers son manteau
pendant que des policiers étaient en chasse. Résultat des courses : 41 balles
de revolver transpercent le corps de celui qui aurait mieux fait de se trouver
ailleurs. L'un des policiers assassins s'est ainsi expliqué : " Les tirs
étaient justifiés au moment où tout s'est passé.
(Source, Libération, 31 janvier 2000)
Techno
Les policiers, tout comme les gendarmes, détestent
les " rave party ". Dans la nuit du 5 au 6 février, les forces
de l'ordre, qui n'apprécient pas la musique techno, sont intervenues dans un
entrepôt, non loin de Fontainebleau. Bien entendu, comme à l'habitude,
l'intervention des policiers a provoqué une bagarre, au cours d'une évacuation
vigoureuse. Onze participants ont été interpellés.
(Source, Le Monde, 8 février 2000)
Beurk !
Il n'y a pas qu'à New-York que la police du "
zéro tolérance " s'illustre régulièrement. A Los Angeles, nous apprend
Libération, " Racket, drogue, corruption, crimes : la police forme le pire
des gangs du ghetto. " Ces derniers mois, une liste de 99 innocents,
envoyés en prison par des policiers ripoux, a été retrouvée, mais tous n'ont
pas encore été libérés. Ce qui est certain c'est que les vingt policiers
suspendus n'ont pas été inculpés. Be1 exemple d'une police qui fait
l'admiration des fervents français du tout sécuritaire.
(Source, libération, 4 février 2000)
Proximité
Les Assises nationales de la police de proximité se
tiendront le 30 mars. Pour le ministre de l'Intérieur, ces assises
représenteront " le dernier acte qui clôturera la phase
d'expérimentation, et le point de départ de la généralisation de cette
politique à une vaste échelle sur le territoire national. " Jean-Pierre
Chevènement veut convaincre que " la police de proximité doit fournir la
réponse adaptée à la demande de sécurité exprimée par la population.
" La méthode Coué a du bon pour ceux qui restent persuadés de son
efficacité.
(D'après Civic, décembre 1999)
La force de l'habitude
Un ancien policier de la PJ de Paris, révoqué en
1982 et déjà condamné, en 1994, pour trafic de drogue, a été condamné le 8
février à quatre ans de prison ferme. L’ancien policier fournissait les
" clients " d'une petite discothèque en cannabis, ecstasy et
cocaïne. Au cours du procès, le gardien de l'ordre public devenu dealer a
affirmé être tombé dans la drogue en arrêtant la boisson: " Durant mon
service, au commissariat de Pigalle, à Paris, j'ai vu mille cadavres et j'ai bu
mille bouteilles de whisky pour les oublier."
(Source, Le Républicain lorrain, édition électronique, 9 février 2000)
En nature
Depuis dix-huit mois, un policier de Saint-Dié
(Vosges) profitait des contrôles de vitesse pour " améliorer l'ordinaire.
" Comme le précise le procureur de la République, la méthode était
simple : " En contre-partie d'une non-verbalisation, les automobilistes
devaient faire un geste en nature. " (Invitations au restaurant et bonnes
bouteilles) Mis en examen pour " vol par personne dotée de l'autorité
publique, faux et corruption ", le policier a reconnu une partie des faits.
Arrêté le 3 février, ce ripoux gastronome a été mis en détention
provisoire et risquerait dix ans de prison ferme. Comme
l'affirme. le procureur " II est hors de question qu'une personne utilise
son uniforme, symbole de pouvoir, pour en tirer bénéfice "
(Source, L'Est républicain, 5 février 2000)
Trafiquant d’armes
Pendant la guerre du Liban, un CRS en poste à
Beyrouth, avait déjà été condamné à trois ans de prison ferme pour trafic
d’armes. Lesquels était écoulés au sein de la pègre du Sud de la France.
Le temps a passé, et le CRS a été révoqué mais, précautionneux, l'homme
avait conservé un petit stock d’armes dans le box qu'il louait pour sa
voiture, dans la région d’Aix-en-Provence. C’est un véritable arsenal que
les policiers du SRPJ ont découvert. : lance-roquettes, fusils à pompe, pains
de plastic, détonateurs, grenades défensives, fusil d'assaut, pistolets
automatiques et munitions adéquates. Écroué depuis le
début de l’année pour une banale moquerie, l’ancien défenseur de l'ordre
public a été présenté au parquet d'Aix-en-Provence.
(Source, Libération, 29 janvier 2000)
Non-droit
Un correspondant d'Indre-et-Loire nous envoie un
témoignage qui illustre parfaitement les libertés que les policiers peuvent
prendre avec la liberté des citoyens. Le 24 décembre 1999, pendant la
distribution du courrier, un facteur est menacé d'arrestation par un policier
en civil. En effet, le facteur refuse de répondre à cet agent qui, lui ayant
ostensiblement montré sa carte, lui explique qu'il cherche un certain Mohamed
X. Comme il n'est pas dans ses attributions de faire de la délation, le facteur
refuse de répondre malgré les menaces qui lui sont faites, du style
" obstruction aux forces de l'ordre ". L’agent est alors
reparti à sa voiture.
La police à l'école
A partir d'un sondage, publié le 30 janvier dans le
Journal du dimanche, sur les violences en milieu scolaire, les Français
seraient d'accord à 77 % pour la présence des policiers à l’école. Chacun
sait que la façon de poser les questions induit bien souvent les réponses...
Il est réconfortant de constater que les enseignants sont plutôt contre.
À l'école
Les 6 et 7 février, à l’aube, les CRS sont
intervenus dans plusieurs sièges d'académies occupés par des enseignants qui
protestaient contre le manque de postes dans les lycées ou la suppression de
classes dans le primaire. Ce même 6 février, une centaine de chasseurs
hors-la-loi tiraient le canard et la bécasse, dans l’Hérault. Comme il est
moins grave de violer la loi en matière de chasse que de s'inquiéter de
l'éducation des enfants, la gendarmerie n'est pas intervenue. Comme l’ont
souligné les militants syndicalistes, ces interventions des forces de police
contre des enseignants illustrent parfaitement la volonté de mettre des
policiers à l'école. Claude Allègre a dû être satisfait.
(Sources, France Inter et Libération, 7 février 2000) |