Manifeste
du 6 avril 1994
S'il est un domaine d'information qui
n'encombre pas les colonnes des journaux, c'est bien celui concernant les
activités de la police, voire de la gendarmerie française. Sauf s'il s'agit de
bavures graves, les Français ne sont pas jugés dignes de connaître les
harcèlements, au quotidien, qui s'exercent contre toute une frange de la
population de ce pays. Un comportement grossier, injurieux, méprisant,
provocateur, raciste, brutal et enfin sexiste, c'est tout ce que l'on peut
attendre d'un "gardien de la paix" dont la mission initiale est
d'assurer la protection des personnes et des biens.
Le policier a toujours été l'élément indispensable d'une politique de rejet
et d'exclusion, permettant de masquer les difficultés économiques et sociales.
La police est, aujourd'hui, le meilleur bouclier d'un système politique et
économique parmi les plus réactionnaires que la France ait connus depuis
cinquante ans.
II n'est pas possible d'assister sans réagir à cette délégation de pouvoir
exorbitante dont chaque policier dispose désormais. Dressée aujourd'hui pour
conduire la chasse aux immigrés, la police sera bientôt prête à brider
l'ensemble des citoyens vivant en France. La volonté est nette d'inculquer à
chacun de nous la peur de la police, ce qui doit permettre ensuite tous les
abandons, toutes les lâchetés dans une société en crise.
Que fait la police ? se donne pour tâche initiale de recenser toutes les
informations concernant les grandes et les petites exactions des policiers qui
ont de plus en plus tendance à se considérer comme des justiciers. Tous les
faits signalés par la presse de province, les témoignages visuels qui ne sont
pas relatés par la presse écrite ou audiovisuelle, et qui nous seront
communiqués, permettront de dresser un état des lieux permanent, document
indispensable si l'on ne veut pas que les acquis de notre société
démocratique soient rapidement annihilés. Notre silence, face à une mise en
condition préparée depuis la constitution du gouvernement Balladur/Pasqua,
ferait de nous tous les complices de cet État policier. |